Le rapport que vient de rendre Philippe Laurent sur la durée du travail des fonctionnaires confirme le constat établi en septembre dernier par la Cour des comptes et repris sur le site de l’association Fipeco. La durée annuelle du travail des agents du secteur public est inférieure d’une quinzaine d’heures à la durée légale (1 607 heures) et d’environ 90 heures à celle des salariés du secteur privé. Cet écart tient plus au nombre de jours de congés et de RTT (38 jours ouvrés dans le public et 31 dans le privé) qu’à la durée hebdomadaire (37,1 heures dans le public et 37,9 heures dans le privé). Cet écart avec le privé est nettement plus fort dans les collectivités locales (environ 120 heures) que dans les services de l’Etat ou dans les hôpitaux (70 à 80 heures). Il s’agit d’une durée normale du travail à temps complet qui ne tient pas compte de l’absentéisme. Celui-ci est mal connu, mais il semble plus important dans le secteur public, notamment dans les collectivités locales. Il s’agit également d’une durée du travail moyenne : certains fonctionnaires travaillent nettement plus que dans le secteur privé mais d’autres bénéficient de régimes dérogatoires qui leur permettent de travailler nettement moins que la durée légale. Le rapport de Philippe Laurent justifie une durée du travail inférieure dans le secteur public par des contraintes plus fortes (travail de nuit, le dimanche…). Les données disponibles ne montrent cependant pas que ces contraintes sont beaucoup plus importantes. Surtout, les agents concernés appartiennent souvent aux catégories dites « actives » de la fonction publique, ce qui leur donne le droit de partir en retraite 5 à 10 ans avant l’âge de droit commun. La durée moyenne du travail des fonctionnaires devrait donc être augmentée pour l’aligner sur celle des agents du secteur privé, sans augmenter leur rémunération. Pour atteindre ce résultat, il suffit sans doute seulement de supprimer les régimes dérogatoires, qui n’ont souvent aucune justification autre que les droits acquis, notamment dans les collectivités locales (journées du maire, durée hebdomadaire inférieure à 35 heures en application d’accords passés avant 2002…). Cette hausse de la durée du travail permettrait de réduire d’environ 135 000 les effectifs de la fonction publique en limitant le remplacement des départs en retraite, sans dégrader la qualité du service public. L’économie ainsi envisageable est de l’ordre de 3,5 Md€.